Expositions Villa Noailles Hyères
Le festival de Mode et de Photographie poursuit son défilé de nouveaux talents.
Que vient-on chercher à Hyères, au festival de Mode et de Photographie, qui tenait ce week-end sa trentième édition ? Beaucoup viennent pour l’ambiance décontractée, tout un microcosme des industries créatives (en français, «branchées») européennes se retrouvant pendant quelques jours dans les jardins de la Villa Noailles. Il y a des défilés de mode, dix jeunes stylistes concourant aux divers prix décernés, des cartes blanches laissées à des graphistes ou plasticiens.
Dans plusieurs endroits de la ville, d’un bar du bord de mer à la Tour des templiers dans le centre, se multiplient des expositions : l’Italien Lorenzo Vitturi, l’Américain Gio Black Peter, néo-Basquiat queer, Cécile Bortoletti ou encore Camille Vivier ont ainsi présenté des œuvres, collages, vidéos ou photos.
Le festival de Hyères est évidemment associé à la mode, à la faune fashion qui l’investit, et aux marques qui en font une plateforme : Chanel, invité d’honneur de cette édition, a mis les bouchées doubles en multipliant les événements - conférence de Karl Lagerfeld, ateliers de broderies, invitation des journalistes à partir à Saint-Tropez pour l’inauguration d’une boutique le temps d’une soirée… Mais, à Hyères, il y a un aspect moins directement spectaculaire qui fait pourtant toute la qualité du festival : la sélection des jeunes photographes, son rôle de vigie, de tête chercheuse qui permet de dénicher, rencontrer, découvrir des jeunes artistes.
Dix photographes choisis parmi les centaines de dossiers, donc, venus d’un peu partout en Europe et parfois d’ailleurs, tous jeunes (entre 25 et 35 ans environ). Quand on marche dans le sous-sol de la Villa Noailles où ils exposent chacun une série, ça part dans tous les sens. «Il y a une diversité de pratiques. Certains sont dans une démarche très conceptuelle, travaillant sur les formes. D’autres sont plus dans le reportage», dit Raphaëlle Stopin, commissaire en charge de la sélection photo. Cet écart s’est ressenti dans le palmarès, révélé dimanche soir. Le gagnant du grand prix du jury photographie est le Néerlandais Sjoerd Knibbeler pour une série d’images remplies d’avions de papier pliés comme des origamis et réalisés dans une ambiance de laboratoire. Le prix spécial est attribué à la Grecque Evangelia Kranioti pour Exotica, Erotica, etc., une immersion de quatre ans dans des cargos de marine marchande. Pour Raphaëlle Stopin, «la recherche visuelle est capitale, mais elle n’a de sens que quand elle trouve un écho avec une réalité. La photographie doit être en prise avec le monde».
Expositions visibles jusqu’au 24 mai à la Villa Noailles, parc Saint-Bernard, Hyères (83). Rens.: www.villanoailles-hyeres.com
Clément GHYS (à Hyères)