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Aquavalence
La photographie est découpe. Découpe de la réalité, d’un continuum plus vaste, donnant lieu à un hors-champ implicite sur l’image finale, prolongement possible de notre expérience au monde. Mais qu’en est-il de l’élément liquide en perpétuel mouvement sans repères ni références identifiables (berges, sol, horizon), sans ancrage dans le réel ? C’est ce déficit de « repères classiques » qui a été le point de départ de ma recherche dans cette série de photographies. Des scènes se jouaient devant moi d’une façon aléatoire, des compositions imposées, mouvements cycliques et récurrents avec de légères variantes, des scintillements, des éclats tour à tour nerveux puis calmes. Est-il possible d’extraire de ce tissu continu de l’eau, une forme qui fera sens, de préméditer une composition parmi toutes celles qui me sont imposées ? Les images arrachées dans les endroits intuitivement propices à l’esthétique, révélaient une composition interne, où l’agencement accidentel des éléments laissait apparaître de la sensualité organique. Eléments éphémères, lumineux et puissants en surface qui travaillent lentement et imperceptiblement la matière en profondeur. Affrontement, légèreté et résistance, puissance et douceur, déchirement et révélation, cette pénétration dans les entrailles permet l’émergence de formes, de figures, (d’esprits ?), sorte de métaphore photographique de l’inconscient de la nature.